La légende de la gelato

Pendant les longues nuits d'hiver, dans les écuries de San Gimignano, les gens racontent que la jeune Catherine de Médicis, future épouse d'Henri II, roi de France, a apporté avec elle un certain nombre de parfumeurs, cuisiniers, couturiers ainsi que Ruggeri, un ancien vendeur de poulet. C'était un homme timide et privé qui avait gagné un prix de cuisine organisé par les Médicis, après avoir inventé une « petite chose particulière » : une magnifique glace qui a conquis le jury. Ruggeri est devenu très célèbre, a quitté son magasin de poulets et a été employé par la famille des Médicis.

Loin d’être une femme fragile ou impressionnable, la farouche Caterina a quitté Florence avec la certitude que même si sa famille n’était pas d’origine noble, elle était néanmoins puissante, riche et influente. Il y avait en elle le désir de vengeance des grandes familles de la classe moyenne à l'égard de l'aristocratie et, en cela, beaucoup de pauvres pouvaient s'identifier en racontant ses histoires dans les écuries. Le mariage entre une fille de la classe moyenne et le futur roi de France était aussi une revanche pour le peuple.

Ruggeri aurait voulu rester dans son pays mais a été contraint de quitter sa cuisine et a été mis sur un bateau avec tous les autres membres de la cour de Caterina. Ils sont tous partis pour Marseille en 1533. Quand la jeune fille âgée de 14 ans a pris sa place à Paris, elle a ordonné à Ruggeri de faire ses miracles gastronomique de manière à étonner (et humilier aussi) les personnes à sa table. En mélangeant toutes les techniques qu'il maîtrisait jusqu'à présent, il créa des glaces extrêmement élaborées, tant au niveau de la forme que de la couleur, qui laissèrent tout le monde sans voix. En même temps, cela provoqua l'envie et la haine parmi tous ceux qui travaillaient dans les cuisines royales.

Ruggeri fut courtisé par les couronnes les plus influentes d'Europe ; sa glace est devenue à la mode et pour cela, Caterina ne voulait surtout pas perdre son cuisinier favori, malgré les sommes exorbitantes offertes. Mais plus l'approbation et l'admiration de la cour allaient grandissantes, plus la haine et l'envie augmentaient parmi ses collègues cuisiniers jusqu'à passer à l'action : au début, les cuisiniers et aides l'abandonnèrent, puis ils passèrent au stade supérieur et organisèrent une embuscade et qui le laissa presque battu à mort. Ruggeri en eut assez et écrivit une lettre à Caterina : « Sa Majesté, avec ou sans votre permission, je vais retourner à mes poulets, en espérant que les gens me laisseront en paix et oublieront que j'existe. Ils continueront à manger « mon candiero » (alors le nom de glace en Toscane).

Ceci est la fin de l'histoire comme elle était racontée dans les fermes et les écuries pendant les froides journées d'hiver. Aujourd'hui, nous savons que Ruggeri n'était pas un vendeur de poulet et que le vrai Ruggieri (écrit avec «i») était un alchimiste et un célèbre astrologue prénommé Cosimo. Il a tout d'abord offert ses services à Lorenzo (le père de Caterina), puis à Caterina. Avec plus ou moins bonne fortune, Cosimo a travaillé pour sa reine toute sa vie. D'autres attribuent à l'architecte Bernardo Buontalenti Médicis l'invention ou le raffinement de la Gelato alla crema, le parfum populaire de crème d'oeuf dont la recette, crema Buontalenti, circule depuis 1565.

Depuis lors, la crème glacée est un délice pour le palais et l'esprit et au centre de San Gimignano, de nombreux magasins célèbres fabriquent toujours cette glace délicieuse. Mais, s'il vous plaît, ne l'appellez pas glace. Mais GELATO !