Les primitifs flamands à l'honneur

« Bruges est une ville d'une beauté exceptionnelle », a déclaré M. Borchert. « De plus, c'est aussi un endroit ou il est très agréable de vivre, du fait du mélange subtil entre le caractère médiéval de la ville et son ambiance moderne. Dès le XIIIe siècle, la grande concentration de citoyens aisés vivant à Bruges a permis à la ville de devenir le cœur commercial de l'Europe du Nord-Ouest. Au XVe siècle, les autorités bourguignonnes prirent des mesures structurelles efficaces qui se traduisirent par une augmentation de la population et qui eurent un effet positif sur le développement de la ville. Bruges a été épargnée par les nombreux ravages de la soi-disant furie iconoclaste, qui a causé d’énormes dégâts dans d'autres villes. Cet esprit de respect et de tolérance règne toujours dans la ville de nos jours. Je suis très heureux d'être ici et je suis sûr que les locaux comme les visiteurs seront d'accord avec moi. »
« Quasiment tous les jours, je vais saluer deux chefs-d'œuvre : La Vierge à l’Enfant et Maarten van Nieuwenhove de Hans Memling à l'hôpital Saint Jean et La Vierge au Chanoine Joris van der Paele de Jan van Eyck au musée Groeninge. Je n’irais pas jusqu’à dire que je découvre quelque chose de nouveau à chaque fois que je les regarde, mais ma curiosité et mon plaisir sont toujours aussi intenses et j'essaie toujours de découvrir de nouvelles choses à leur sujet. Ces tableaux ne cessent de me fasciner !
« Je me demande parfois pourquoi des gens du monde entier trouvent les primitifs flamands si fascinants. C’est peut-être parce que, pour la première fois dans l'histoire de l'art, nous sommes confrontés à des personnes reconnaissables et à des objets familiers qui correspondent à la réalité d’aujourd’hui. Les primitifs flamands ont jeté les bases d'un concept artistique qui, dans son réalisme, est parfaitement reconnaissable et donc compréhensible pour un observateur contemporain : les primitifs flamands ont introduit le réalisme. Ce n’est pas rien.
« Ces peintres flamands étaient également doués pour résoudre des problèmes. Ils ont exploré l'espace d'une manière incroyablement habile et sophistiquée, en plaçant par exemple un miroir dans la pièce. Dans le diptyque de Memling, un miroir rond du côté gauche derrière la Madone reflète la pièce dans laquelle elle est assise. Dans le miroir, elle est peinte juste à côté de la silhouette du patricien Maarten van Nieuwenhove, le client de Memling. Vraiment sublime. Ces œuvres d'art sont-elles encore capables de me toucher ? Absolument. Pour ce qui est de l'émotion pure, un peintre comme Rogier van der Weyden me touche plus profondément que Jan van Eyck. Les œuvres de Van Eyck ou de Memling m'impressionnent davantage de par leurs qualités intellectuelles et conceptuelles. Van der Weyden et van Eyck : cela vaut la peine de visiter ces musées de Bruges, ne serait-ce que pour le plaisir d’admirer ces deux extrêmes opposés du spectre artistique. »
Un amateur d’art digne de ce nom ne peut pas quitter la Belgique sans avoir visité les musées de Bruges : avec des chefs-d'œuvre de Jan van Eyck, Hans Memling, Hugo van der Goes et Gerard David, le musée Groeninge et l’hôpital Saint Jean abritent une collection de peintures primitives comme il n’en existe nulle part ailleurs dans le monde.