Protéger notre patrimoine minier

Alfons Długosz montre des talents artistiques dès son plus jeune âge. Après avoir terminé ses études secondaires, il étudie la peinture à Berlin et à Dresde et dessine et peint tout au long de sa vie - des croquis, des aquarelles et des peintures à l'huile. De retour de l'étranger, il travaille comme enseignant dans de nombreuses villes, jusqu'à son installation à Wieliczka. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il organise la vie culturelle souterraine de la ville. Il s'intéresse à la mine, fait la connaissance des mineurs et est invité à la mine lors d'une de ses plus importantes fêtes : Barbórka (le jour de la Sainte Barbara).
Une quête courageuse pour sauver l'histoire minière
Un tournant dans sa vie a lieu en 1949, lorsque la direction de la mine de sel de Wieliczka décide de remplir plusieurs des anciennes salles. Peu de temps après, il commence à sauver les parties historiques de la mine. Il parcourt des dizaines de kilomètres à la recherche de vieux outils, de machines minières, d'objets artistiques et utilitaires, de cristaux et de fossiles. Les voyages à travers les souterrains non ventilés présentent un risque constant d'effondrement et d'empoisonnement au dioxyde de carbone ou au sulfure d'hydrogène et les torches de magnésie avec lesquelles il s'éclaire peuvent provoquer des explosions de méthane à tout moment.
Les objets recueillis lors des fouilles sont utilisés par Długosz dans une exposition qu'il organise dans la Salle de Varsovie en 1951. Il poursuit ses recherches dans les profondeurs de la terre, trouvant encore de nouveaux objets. Il manque d'argent pour son entreprise, alors il peint et vend son travail pour financer sa passion de collectionneur. Son enthousiasme surmonte la résistance de nombreux sceptiques, qui pensent que l'idée de convertir les intérieurs de la mine en halls d'exposition avec un équipement de travail ordinaire est une idée ridicule.
Le lancement du musée
Quand il ne reste plus assez de place pour montrer ses découvertes, il obtient quelques, puis une douzaine de salles supplémentaires de la part des autorités de la mine. De 1958 à 1966, il crée, en tant que conservateur officiel, une grande exposition lors de laquelle il présente tous les trésors qu'il a découvert. Sa collection de machines à enrouler le bois du XVIe au XIXe siècle est tout particulièrement précieuse. Il recueille aussi de nombreux spécimens géologiques précieux, objets archéologiques, documents historiques, vieilles cartes et croquis. Sur les murs du musée, il place également ses propres illustrations du travail quotidien des mineurs. Il écrit aussi des articles académiques et des guides sur le musée et invite des chercheurs des universités de Cracovie à collaborer.
Le musée souterrain conçu par Długosz, avec le soutien financier du ministère polonais de la Culture et des Arts, devient l'une des expositions minières les plus impressionnantes d'Europe. Des éléments modernes de décoration et d'exposition, une salle de conférence et de cinéma et un café font du musée un précurseur copié par d'autres installations à travers le monde. Les premiers visiteurs y sont admis en 1966.
Comment cet homme, qui n'a jamais appartenu au parti communiste, a-t-il réussi cette énorme entreprise ? Długosz possède une réelle intuition et se trouve être la bonne personne au bon endroit au bon moment. Son idée d'un musée souterrain germe sur un terrain fertile, puisque le gouvernement polonais adopte en 1959 une résolution sur le développement économique pour subvenir aux besoins du tourisme étranger. Dans cet acte, Wieliczka est reconnu comme un endroit d'une importance particulière, ce qui conduit à l'attribution de grosses sommes d'argent de la part de deux ministères pour la rénovation générale de la route touristique, la rénovation du puits Daniłowicz et la création d'une exposition. Le mécénat d'État permet à Długosz de développer le musée de Wieliczka à une échelle spectaculaire, avec des fonds dont il n'aurait jamais rêvé auparavant. En poursuivant ses intentions, il est aidé par la loi de 1962, qui ennoblit les monuments techniques en biens culturels.
En tant que passionné de photographie, Długosz emporte toujours avec lui son appareil photo pour commémorer les vieilles fosses oubliées. Ses photographies sont souvent la seule et inestimable trace restante de ces fouilles, puisque bon nombre de ces salles et couloirs se sont effondrés ou ont été inondés. Membre de l'Association des Photographes d'Art Polonais, il a présenté ses extraordinaires photos en noir et blanc de la mine lors d'expositions nationales et internationales, faisant la renommée de Wieliczka.
Homme aux talents multiples, il a consacré sa vie au musée des salines de Cracovie à Wieliczka, dont il a été le directeur jusqu'à sa mort en 1975. Malheureusement, il n'a pas vécu assez longtemps pour assister à la rénovation du Château et à son ouverture aux visiteurs, ce dont il a toujours rêvé et qu'il a longtemps recherché. Mais son travail est poursuivi par ses successeurs et son héritage se perpétue.